MHE et FCO : situation et stratégie vaccinale (10/10/24)

La situation sanitaire concernant la MHE et la FCO évolue rapidement en France et en Nouvelle-Aquitaine, touchant principalement ovins et bovins (moins de cas en caprins mais espèce sensible également).

Au 10 octobre dernier, 5 374 foyers de FCO de sérotype 3 étaient recensés et 2 085 foyers de MHE (maladie hémorragique épizootique).

https://agriculture.gouv.fr/la-situation-de-la-fievre-catarrhale-ovine-fco-en-france

 

Plusieurs cas cliniques de FCO sérotype 8 sont également recensés partout en France, mais le virus étant considéré comme enzootique depuis 2018 (et non pas exotique), il n’est pas officiellement suivi par l’Etat. Les foyers doivent être déclarés, mais les animaux issus de ces foyers peuvent circuler librement sur le territoire national. Ce nouveau variant de la FCO sérotype 8 est plus virulent que le précédent c’est pourquoi nous conseillons d’être vigilant lors des mouvements d’animaux positifs FCO-8 également.

Comment limiter le risque dans mon élevage :

Pour faire face à la maladie, un certain nombre de mesures sont à mettre en place. A l’échelle de l’élevage, il convient de :

– limiter et sécuriser les mouvements depuis les zones atteintes,

– surveiller les animaux matin et soir,

– contacter son vétérinaire et soigner les signes cliniques dès leur apparition

Cependant, le principal outil de prévention reste la vaccination. Elle limite considérablement les impacts sur les animaux voire limite fortement la diffusion de la maladie pour la FCO comme pour la MHE. Aussi la principale recommandation faite est de vacciner le plus largement et le plus rapidement possible les animaux, en tenant compte de la disponibilité des doses de vaccins et de l’ avis de son vétérinaire.

 

La stratégie vaccinale de l’Etat :

Dès le mois d’août 2024, une stratégie a été déployée contre le sérotype 3 de la FCO. Une campagne de vaccination des bovins et des ovins a été lancée, dans une zone de vaccination volontaire, afin de réduire les impacts sanitaires sur les cheptels (mortalité, morbidité, avortements, baisse de production de lait et de viande).

La zone de vaccination volontaire FCO-3 (prise en charge par l’Etat de la commande des vaccins, prescription et délivrance ainsi que la remontée des informations à l’administration) a été étendue, par étapes, pour tenir compte de l’évolution de la maladie, au 10/10/2024 :

  • FCO 3 ovins : France entière
  • FCO 3 bovins : Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire, Bretagne et six départements (Ille-et-Vilaine, des Deux-Sèvres, de la Vienne, de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze)
  • MHE bovins : zone vaccinale pour limiter la propagation vers l’est de la France, pour couvrir jusqu’à un million de bovins. 7 communes de la Creuse sont concernées en Nouvelle-Aquitaine

Quelques questions sur les vaccins FCO et MHE

Quel bénéfice puis-je attendre des vaccins ?

L’objectif premier est une réduction des symptômes de la maladie, des impacts sur la reproduction et de la mortalité, et tous ces vaccins répondent à cette exigence. L’autre objectif est une réduction de la virémie qui limite la propagation de la maladie et permet des échanges d’animaux vaccinés. Si c’est aujourd’hui reconnu pour les vaccins FCO 4 – 8 et le Bultavo 3, on est encore en attente de son homologation pour l’Hepizovac (vaccin MHE 8).

Si j’ai vacciné pour la FCO 4 – 8, mes animaux sont-ils protégés contre la FCO 3 ou la MHE 8 ?

On parle parfois de protection « croisée », mais malheureusement, même si tous ces virus appartiennent à la même famille, cela ne semble pas fonctionner dans ce cas.

Puis-je associer plusieurs vaccins en même temps ?

Il est possible de coupler vaccination FCO 4 – 8 et FCO 3, mais en l’état actuel des connaissances, il est déconseillé d’associer l’Hepizovac (sous Autorisation Temporaire d’Utilisation) avec les vaccins FCO. Cela pourrait évoluer si les études s’avèrent concluantes.

Puis-je vacciner des femelles gestantes ?

Les AMM des vaccins n’indiquent pas de contre-indication pendant la gestation. Le seul impact marginal observé est en tout début de gestation. Le risque principal concerne plutôt la manipulation des animaux.

Puis-je vacciner les mâles reproducteurs ?

Comme pour tout vaccin, il peut y avoir une hyperthermie transitoire avec baisse de la spermatogenèse. On conseille de vacciner les mâles en dehors des périodes de reproduction mais le contexte est également à prendre en compte (arrivée imminente de la maladie et très fort impact sur les béliers notamment).

Qui paye les vaccins aujourd’hui ?

Les vaccins contre la FCO 4 – 8 sont à la charge des éleveurs, que ce soit pour la protection des troupeaux ou les échanges.

L’État met gratuitement à disposition des éleveurs en Creuse, Haute-Vienne, Vienne, Deux-Sèvres, Corrèze des vaccins contre la FCO 3, pour les ovins et les bovins et pour tout le territoire pour les ovins. Il faut donc vacciner le cheptel dès maintenant, avant que le virus arrive. Pour les échanges, le vaccin est à la charge des éleveurs.

Pour la MHE, la prise en charge par l’État des vaccins se limite à 7 communes de l’est creusois, sur le front vaccinal. Sur le reste du territoire pour la protection des troupeaux, ou pour une éventuelle certification aux échanges, les vaccins sont à la charge des éleveurs.

Qui peut vacciner aujourd’hui ?

Pour les vaccins à visée protection des troupeaux, l’éleveur peut vacciner lui-même ses animaux. Pour les vaccinations certifiées aux exports, le vétérinaire est le seul autorisé à le faire en l’indiquant sur le carton de l’animal.

Peut-on vacciner en milieu infecté ?

Comme pour tous les vaccins, il est préférable de vacciner préventivement. Si on n’a pas anticipé l’épidémie, il reste possible de vacciner en milieu infecté. Il convient alors de mettre en balance les avantages (début d’efficacité assez rapide, à partir de 10 jours avec réduction des signes cliniques) et les inconvénients (stimuler l’immunité d’animaux déjà malades et en train de lutter contre le virus sauvage). Pour simplifier, si peu d’animaux sont contaminés, la vaccination a encore tout son intérêt, en revanche si le nombre d’animaux malades est déjà important, il vaut mieux retarder la vaccination. Chaque situation sera à évaluer au cas par cas avec votre vétérinaire.

Faudra-t-il revacciner mes animaux l’an prochain même si la maladie a circulé ?

La durée d’immunité conférée par la vaccination est d’environ un an. Même si les animaux gardent la mémoire immunitaire, on aura une réponse plus rapide si un rappel a été effectué.

 

Dr Boris BOUBET, GDS Creuse

 

POUR TOUTE QUESTION CONTACTEZ VOTRE VETERINAIRE/GDS