En juillet, en Haute-Vienne : 37 génisses limousines sont mortes suite à une intoxication végétale à la Narthécie des marais.
Un lot de génisses décimé suite à l’ingestion d’une plante toxique.
Début juillet, un éleveur haut-viennois a constaté des anomalies cliniques sur un lot de 45 génisses âgées de 1.5 à 2 ans. Celles-ci pâturaient depuis une semaine dans une parcelle de 2 Ha de tourbière incluse dans un grand parc de pâturage avec plus de 5 ha de prairie. Les animaux semblaient abattus, certains présentaient une diarrhée de couleur noire (méléna), d’autres un œdème de la vulve s’étendant sur les cuisses. Le diagnostic est rapidement posé : intoxication végétale par la Narthécie des marais. En effet, les fleurs et les graines de cette plante ont des propriétés néphrotoxiques chez les bovins, c’est-à-dire qu’elles détruisent leurs reins. Les signes cliniques observés par l’éleveur sont les conséquences d’une insuffisance rénale sévère et irréversible causée par l’ingestion de la plante. Deux tentatives de traitement dans le but de faire repartir les reins (perfusion de grandes quantités d’eau salée) ont échoué. Au final, le bilan est catastrophique sur les 45 génisses du lot : 25 génisses sont mortes et 12 ont dû être abattues en urgence.
Une plante qui vit exclusivement dans les zones humides
Comme son nom l’indique, la narthécie est présente dans les marais, les tourbières, les zones marécageuses…. En France, on la retrouve principalement dans l’ouest, le centre et le sud-ouest. Plus précisément en Nouvelle Aquitaine, sa localisation est disponible sur le site de l’Observatoire de la biodiversité végétale de Nouvelle Aquitaine : https://obv-na.fr/consulter/carte.
Il s’agit d’une plante à tige raide et dressée pouvant mesurer jusqu’au 40 cm qui fleurit entre les mois de juin à août. Les fleurs, disposées en grappe sont de couleur jaune. Les feuilles sont planes et allongées.
Une intoxication rarissime
Les intoxications végétales des bovins par les glands, l’if ou encore la fougère aigle sont bien présentes dans l’esprit des éleveurs et des vétérinaires. Mais, l’intoxication par la narthécie des marais est beaucoup moins connue car elle est moins fréquente ou passe inaperçue. Les cas recensés dans le Limousin sont rares. Un article publié en août 2011 dans la Creuse agricole fait état d’un troupeau creusois intoxiqué par la narthécie des marais mais les pertes animales semblaient beaucoup plus limitées que dans le cas présent.
Le but de cet article n’est pas de créer un vent de panique chez les éleveurs qui vont immédiatement sortir inspecter leurs pâtures à la recherche de petites fleurs jaunes mais bien d’informer. Il est important de retenir que la plante n’est pas présente partout mais uniquement localisée dans certaines zones humides. Seuls les fleurs et les fruits sont toxiques, donc sa consommation avant le stade de floraison serait sans danger. Enfin, il semblerait que l’ingestion en petite quantité même à des stades végétatifs avancés par des bovins adultes et habitués à en consommer n’aurait pas de conséquence clinique. Par exemple, l’année dernière, des génisses du même élevage avaient pâturé sur cette même pâture sans qu’il n’y ait aucun problème. Mais, rappelez-vous les conditions climatiques de l’été dernier (froid et pluvieux) totalement différentes de celles de 2022.
Aurore RAFFIER – CDAAS 87